par le CR1 Nathanaëlle (milieu Air)
Cette mission était mon premier déploiement en tant que commissaire d’exercice (CREEX), une fonction peu connue et souvent associée à celle du coordonnateur logistique (CORLOG). En tant que commissaire d’ancrage Air, ce fut une occasion unique de travailler directement avec des unités navigantes et des personnels de plusieurs bases aériennes dans un contexte opérationnel mais, pour une fois, différent de celui d’une opération extérieure.
J’ai eu la chance d’avoir un sous trésorier militaire désigné à mes côtés. A nous deux, nous avons constitué l’équipe soutien de l’homme (Real life support, RLS) pour assurer le soutien de proximité de quelques 170 personnels déployés sur six sites différents. En somme, un défi logistique inédit dans un contexte sanitaire compliquant déjà une projection d’ampleur.
Une phase préparatoire dans un contexte international et sanitaire singulier
La préparation d’un exercice de cette ampleur commence au minimum six mois avant la projection. L’anticipation et la désignation au plus tôt de l’équipe de montage est une étape clef de l’organisation des exercices du Livre bleu (1).
La majorité des réunions préparatoires se sont donc réalisées en visioconférence avec les autres sites.
Pour Tahiti, nous avons pu nous appuyer sur la DICOM Polynésie française et l’état-major interarmées (EMIA) d’ALPACI qui ont été d’une aide précieuse dans ce contexte. Tahiti est certes un paradis touristique mais lorsqu’il s’agit de loger 170 militaires sur une île en haute saison ne proposant que des hôtels de luxe, cela peut vite se transformer en cauchemar de commissaire….
Le LIVEX : réactivité, adaptabilité et soutien de proximité
A projection ambitieuse, cinématique complexe. Le déploiement du détachement s’est effectué en différentes phases et sur plusieurs sites. Je suis partie en échelon précurseur à Tahiti une semaine avant le départ du détachement tandis que mon adjoint a suivi le raid aérien pour assurer le soutien sur les site de Travis et de Goose Bay. Après une semaine de missions en Polynésie aussi bien pour les chasseurs que les transporteurs, je m’envole à nouveau en avance de phase pour Hawaï. Chaque échelon précurseur est une véritable course contre le temps pour s’assurer des bonnes conditions d’accueil du détachement sur l’étape visitée tout en continuant à préparer les prochaines et à clôturer les précédentes.
Début juillet, le détachement nous rejoint à Hickam AFB (Hawaï) pour entamer la partie WAKEA de l’exercice fondée sur des entraînements conjoints et de l’échange de culture opérationnelle avec les F-22, les C17 et les KC135.
J’ai à peine le temps de profiter de la présence du détachement que je repars à nouveau en précurseur de la dernière étape. J’arrive à Langley AFB le 3 juillet pour l’ultime partie de ce déploiement, la commémoration de la bataille de Yorktown avec le général Lavigne, CEMAAE, et son homologue de l’US Air Force, le général Brown.
Entre temps, le détachement fait une courte escale à Nellis AFB, proche de Las Vegas où l’hôtel réservé par l’équipe RLS a été peu rentabilisé...
Le 9 juillet, le détachement décolle de Langley pour sa dernière transatlantique. Le 10 juillet, le MRTT se pose à Istres, base sur laquelle j’ai servi pendant les trois dernières années et sur laquelle j’ai fait mes premières armes de commissaire. La boucle est bouclée.
De cette mission je retiendrai une formidable équipe de montage soudée, un vol en A400M hors du temps dans un atoll que seuls quelques privilégiés auront connu dans le monde, des rencontres, des paysages plein les yeux, des amitiés nouvelles et un souvenir mémorable dans ma jeune carrière de commissaire d’ancrage Air.
(Voir aussi Air Actualités 742 Août-septembre 2021)
remerciements au CDAOA/DAJO et à l'auteur
