mercredi 24 juin 2020

A la recherche de Pascal à Mirefleurs

L’enquête du commissaire Henri Desfeuilles (ECA 60) 


La commune de Mirefleurs est située sur la rive droite de l’Allier, à dix-huit kilomètres au Sud de Clermont-Ferrand. La rivière Allier la borde. Le puy de Saint-André (678 m) ferme son horizon au Nord, et le puy de Saint-Romain (779 m) au Sud. On peut dire sans conteste que le village est charmant.
Notre histoire se déroule dans les années 80 du siècle dernier, dans la maison dite « de Domat » située au cœur du village où résidait, fait du hasard, le commissaire colonel Henri Desfeuilles.


La maison de Domat et la pièce aux dessins


Domat
"Qui était ce Jean Domat ? Né à Clermont, le 30 novembre 1625 et mort à Paris le 14 mars 1696, il était ce jurisconsulte auquel Pascal, en mourant, confia ses papiers, ce qui dit assez bien quels liens d’amitié liaient les deux hommes et justifie l’intérêt porté à cette demeure par les historiens de Pascal.

Cette maison, dont l’origine pourrait remonter au XVe siècle en raison
de cheminées gothiques encore en place et d’un faux appareil peint en claveaux colorés à la manière médiévale, s’est enrichie, au cours des siècles, d’ajouts qui ne semblent pas l’avoir fondamentalement transformée. Dans une pièce, grâce à des décollements de la couche peinte,  on vit apparaître plusieurs dessins de visages dont l’un d’eux faisait indiscutablement penser à Blaise Pascal.

Tour de la maison Domat
Dans l’espoir d’autres découvertes, Monsieur Henri Desfeuilles décidait donc, en 1982, de faire éliminer la couche de peinture du XVIIIe siècle pour mettre à jour l’ensemble des graffiti de la tour.
Sous la responsabilité des Affaires Culturelles représentées par Monsieur P.- F. Aleil (alors Conservateur des Antiquités et Objets d’Art), nous avons effectué ce travail de dégagement en laissant de côté les zones haute et basse qui étaient dépourvues de graffiti, et en conservant un fragment de la couche du XVIIIe siècle qui portait deux noms de famille. (Voir le schéma d’ensemble ci-dessous)

A une époque, cette grande maison servit de local d’hébergement à un groupe d’archéologues anglais qui l’occupa à la belle saison et y entreposa le produit de ses fouilles.

Le personnage n°184


Le personnage n° 184, vu de profil, reste un portrait possible de Blaise Pascal. C’est en tout cas celui qui présente des ressemblances avec le dessin sur papier de Domat et le masque mortuaire.

Ce fait seul, cependant, ne permet pas d’affirmer qu’il s’agit d’un portrait de Blaise Pascal. Mais un autre fait vient augmenter cette probabilité. Entre mai 1649 et novembre 1650, Blaise Pascal, son père et sa sœur Jacqueline, fuyant les troubles de la Fronde à Paris, ont vécu à Clermont au foyer de la sœur aînée Gilberte, Mme Périer. Pascal en profita pour réaliser de nouvelles expériences sur le Puy-de-Dôme et sa liaison avec l’avocat Jean Domat était alors familière. Leur rencontre chez Monsieur de Ribeyre, Premier Président à la Cour des Aides est attestée.

Mirefleurs se trouvait à environ une heure et demie d’attelage de Clermont. Domat s’y rendait probablement souvent à la belle saison, en famille – il s’était marié en 1647 – et avec quelques amis. On peut raisonnablement penser que l’ami Pasca1 y fut quelquefois invité.

Dès lors, qui pourrait s’étonner de retrouver, parmi les familiers de Domat croqués sur le mur de la tour, le visage de Blaise Pascal représenté vers l’âge de vingt-six ou vingt-sept ans ?
Ce graffito a-t-il été tracé de la main même de Domat, déjà auteur du fameux dessin à la sanguine ?
Malgré la ressemblance physique évidente entre les deux portraits, nous ne pouvons pas conclure sur l’attribution à Jean Domat lui-même du profil n° 184, croqué sur la muraille de la tour Domat de Mirefleurs."
Ezio Ardvini et Yves Morvan

Référence
Ezio Ardvini (1935-2009) et Yves Morvan, « Pascal à Mirefleurs ? Les dessins de la maison de Domat », Courrier du Centre international Blaise Pascal [papier et internet], 6 | 1984, mis en ligne le 27 novembre 2015. URL : http://journals.openedition.org/ccibp/427 ; DOI https://doi.org/10.4000/ccibp.427

Crédit photos : auteurs