Nous poursuivons notre série des biographies des premiers commissaires de l'air, aujourd'hui le commissaire colonel Félicien Roussel, qui, comme beaucoup de grands anciens, fit une belle carrière comme sous-officier puis comme commissaire de l'air, sans oublier ses actes de résistance durant la seconde guerre mondiale.
Un début de carrière au Levant
Félicien Roussel
est né le 14 août 1900 à Mont-Saint-Martin, près de Longwy (Meurthe et Moselle,
dans la partie de la Lorraine demeurée française).
Appelé à servir
sous les drapeaux (classe 1920), il est incorporé
à Dijon le 15 mars
1920 au 2ème RAO (régiment d’aviation d’observation), nouvellement créé, puis transite
par le 1er RAO stationné à Tours avant d’être affecté à l’escadrille
57 de l’armée du Levant, qu’il rejoint dès le 20 juin 1920. En poste dans le Djebel-Druze, tout au sud de
la Syrie, il est promu caporal le 8 février 1921 puis caporal- fourrier le 1er
août 1921.
En novembre 1921,
il revient en métropole et poursuit son temps sous les drapeaux au 21è Régiment
d’aviation à Nancy-Malzéville. A l’issue de ses 2 ans de service militaire, il
est rayé des contrôles le 15
mars 1922 et versé dans la réserve au 11ème Régiment d’Aviation
de Metz le 21 mars.
Le 29 septembre 1922, il
s’engage pour 2 ans dans l’Aéronautique militaire et est à nouveau affecté à
l’armée du Levant (35è régiment d’aviation). Il débarque le 29 octobre 1922 à
Beyrouth et rejoint le Parc Aéronautique du Levant.
Le 17 janvier 1923
il est affecté à la 55ème escadrille du Levant puis le 7 février 1923 à la 53ème
escadrille du Levant à Deir- Ez- Zoor, entre les fleuves Tigre et Euphrate.
« La
vie de toutes ces unités isolées, très éloignées les unes des autres, prend
évidemment un tout autre aspect que dans les Régiments de France. Officiers et sous-officiers habitent sur le terrain dans des bâtiments qui sont en certains
points l'œuvre du génie militaire, mais que l'ingéniosité du personnel de
l'aviation a parfois créé de toutes pièces.
Les distractions sont celles de
tous les postes que la grande chaleur condamne à l'immobilité une partie de la
journée pendant huit ou neuf mois de l'année. Elles conviennent surtout aux
chasseurs et aux pêcheurs. Le désert foisonne de troupeaux de gazelles, de
renards, de sangliers, de chacals, d'hyènes, et d'oiseaux de toute espèce, et
dans l'Euphrate et ses affluents on prend un poisson d'ailleurs excellent, qui
pèse jusqu'à 100 kgs. Par contre la baignade, qui y est très dangereuse, est
interdite.
Chaque terrain est doté de mess suffisamment confortables, d'une
coopérative, d'une infirmerie, d'une salle de récréation pour la troupe,
parfois d'un cinéma. L'ensemble des bâtiments d'un même terrain, y compris les
abris des avions est protégé contre les déprédations des pillards et contre les
attaques brusquées des bandes par une enceinte de tranchées doublée d'un réseau
de fil de fer. Des brèches fermées après le travail aérien sont aménagées pour
le passage des avions. Une garde vigilante veille toute la nuit et les
escadrilles dressées au combat d'infanterie et au tir des armes automatiques
font de fréquents exercices d'alerte. « (Colonel Gérard, commandant de l’aviation en Syrie)
Il est promu
sergent-fourrier le 1er août 1923 et sergent- major le 1er juin 1925. Durant cette
période, il renouvelle deux fois son engagement (pour 2 ans le 29 septembre
1924, pour 3 ans le 29 septembre 1926). Suite à la révolte des Druzes, appelée plus tard révolution syrienne ou révolution
nationale, il est en opération de juin 1925 à octobre 1926, dans le
Djebel- Druze.
Bréguet XIV 39è RAO 1925 coll Bonora |
Revenu en
métropole en octobre 1926, il est affecté au 3è régiment d’aviation de chasse.
De novembre 1927 à juin 1928, à l’issue d’un stage de mécanicien électricien à
l’école d’application d’aéronautique, il est breveté mécanicien électricien. A
nouveau affecté au Levant, au 39ème régiment d’aviation d’observation, encore doté de vieux Bréguet XIV, il
rejoint Beyrouth en juillet 1928. En décembre, il est admis dans le cadre des
sous-officiers de carrière et promu adjudant le 1er avril 1929.
De retour en
métropole en juillet 1930, il est affecté au 3è groupe d’ouvriers aéronautiques
(1) (GOA) à St Cyr. Il est promu adjudant-chef en octobre 1932, mais sans
utilité car depuis le mois d’août il a intégré l’école de l’air, alors à
Versailles, comme EOA (élève officier d’active) (2). Sous-lieutenant en
octobre 1933, il est affecté au 33è régiment d’aviation d’observation sur la base aérienne 121 de Nancy-Ochey le 1er janvier 1934.
Bâtisseur sur la côte des Somalis
Gabode 1936 coll Ladaré |
En octobre 1935 il
est affecté sur la Côte française des Somalis, au 216° Bataillon de l'Air. Il
arrive à un moment important, celui du transfert du terrain d’aviation. En
effet, l’escadrille
de la Côte française des Somalis (C.F.S) a été créée le 1er avril
1933 sur le petit terrain près des Salines, en fait une demi-escadrille avec
trois Potez 25 TOE et un Potez 29 sanitaire détachés du 39ème régiment
d’aviation stationné au Levant. Mais l’insécurité du territoire et la tension
internationale de l’époque exigent de voir un peu plus grand. Il devient
indispensable de créer un vrai camp d’aviation, avec l’espace nécessaire pour
des possibilités de développements ultérieurs, tant militaires que civils.
Nouveau terrain de Gabode (coll Bibert) |
Dès
juin 1934 le Gouverneur de la colonie décide de procéder aux expropriations
nécessaires pour installer un nouveau champ d’aviation, 4 kilomètres plus
au sud, dans la vaste plaine d’Ambouli totalement dégagée, en un lieu appelé
Gabode ; cette décision est validée le 26 juillet 1934 par le ministre des
Colonies, Pierre Laval et le décret signé par le Président Albert Lebrun. Les
travaux du « Camp de Gabode », commencent dans la foulée.
Mémoire pour
l’attribution de la médaille du Nichan el Anouar (3)
"Le lieutenant Roussel a servi pendant plus de
quatre ans et demi à Djibouti.
Bien qu'affecté aux Formations aériennes de la côte
française des Somalis, comme adjoint administratif au Commandant de l'Air, ordonnateur
secondaire, il a assuré en outre et cumulativement pendant toute la durée de son séjour les
emplois suivant (- commandant du Bataillon de l'Air 216 - commandant du Parc du
Bataillon de l'Air 216) emplois que le commandant de l’Air avait été autorisé à
lui confier par décision ministérielle, à la suite de l’important déficit en
officiers de l’Aéronautique sur le territoire.
Pause dans le désert (au centre, en pantalon) |
Parfaitement compétent au point de vue administratif, il a assisté le commandant de l'Air de façon particulièrement sérieuse pour:
-d’une part, la conduite des travaux de l'installation
de l'aérodrome et du casernement moderne construit sur la base (au total environ
20 millions de francs de travaux de 1937 à 1940) ;
-d’autre part, la discussion et la conclusion des
marchés correspondant à ces travaux, dans une période difficile, par suite des variations
des prix consécutives à l'application des nouvelles lois sociales.
Par ailleurs, seul, avec les tirailleurs et la
main-d’œuvre indigène, utilisant les matériaux localement disponibles, et
quelques crédits demeurés libres après construction des hangars de la base de
Djibouti, il a réalisé en 1937 dans les meilleures conditions de confort
possible la station d’estivage et de repos du détachement de l’Armée de l’air
au centre d’altitude d’Ali-Sabieh et ce sans qu’aucun crédit spécial n’ait été
demandé au département de l’air à ce sujet. Cette station a rendu d’immenses
services, non seulement au détachement de l’air de la Côte française des
Somalis mais encore à tout le corps d’occupation de la Colonie, permettant en
saison torride d’y soigner efficacement tous ceux que le climat chaud et humide
de Djibouti avait déprimés.
"Ali Sabieh est une localité située en plein bled, à une soixantaine au sud-ouest de kilomètres de Djibouti sur la piste de Diré-Dawa en Éthiopie. Une gare, un poste militaire et un terrain d’aviation de secours y étaient établis. Le lieutenant Félicien Roussel (à g) qui vivait là était sans doute très content d’avoir un peu de visite et de pouvoir offrir l’apéritif à ses hôtes d’un jour." (
Potez 29 TOE en patrouille (coll Bibert) |
Connaissant parfaitement la langue arabe, ainsi que
les dialectes locaux (Dankaki, Somali), le lieutenant Roussel a rendu de
multiples services pendant son séjour, toujours volontaire pour les missions
même les plus difficiles. Il a, en particulier, assuré seul, avec des
indigènes, le dépannage et le sauvetage de trois avions tombés en panne dans
des régions désertiques et dangereuses :
- - l’un à Timero,
près du lac Abbe, à 150 kms à l’ouest de Djibouti, panne au cours d’une liaison
avec un peloton méhariste ;
- - un second au nord
d’Obock, au cours d’une liaison avec le poste d’Obock ;
- - le troisième à
Berbera dans le Somaliland.
En outre, le lieutenant Roussel a effectué, avant son
séjour à Djibouti, au total 9 ans de séjour en Syrie, ce qui lui donne près de
15 ans hors de France.
A été blessé au cours d’une mission aérienne en
service commandé le 10 octobre 1939 à Tadjourah (CFS). [accident survenu à
l'atterrissage du Potez 29 n° 106 piloté par le Cne Bilbault (4) (avec à son
bord le médecin colonel Colromb, le Lt Roussel et le Sgt. Guyot]
Fait à Aix-en-Provence le 28 septembre 1946
Le commissaire ordonnateur de l’air de 2è classe
Bilbault
Ex-Commandant de l’air à la Côte française des Somalis
du 2 août 1937 au 19 décembre 1940 »
Permis de conduire militaire signé pat le lt Roussel (coll Bibert) |
Intendant
de l’air, commissaire de l’air et résistant durant la guerre
Il est promu
capitaine le 15 mars 1940, avant de quitter, par bateau, la Côte française des
Somalis le 2 avril. Le 9 juin, il rejoint la zone aérienne est (ZOAE) puis le
16 août l’intendance de l’air de la 1ère région aérienne, implantée à Aix en Provence.
A compter de janvier 1941, il fait fonction d'Intendant des bases de l'Air
à Montpellier. Cependant, le capitaine Roussel est concerné par la loi du 17 juillet 1940 prise par Vichy excluant de la fonction publique
tous ceux qui ne possèdent pas la nationalité française « à
titre originaire, comme étant nés de père français », car son père est né à l’étranger, à Meix
sous Virton (Grand-Duché de Luxembourg). L'intendant de 1ère classe
Leduc, directeur de l'intendance de la 1ère région aérienne intervient donc
auprès du Secrétaire d'État à l'aviation, à Vichy, pour défendre son subordonné
dans le dossier de « demande de relève d'interdiction d'accession aux fonctions
publiques » déposé par l’intéressé.
Le 10 janvier 1942, son directeur écrit donc : "Les
brillants services rendus par cet officier au cours de sa carrière, les
campagnes qui illustrent son état des services, les missions périlleuses et
nombreuses qu'il a accomplies, tant en Syrie qu'en Côte Française des Somalis,
au cours de nombreuses heures de vol (209h55) et qui lui ont valu les notes et
appréciations les plus élogieuses, les actions de guerre auxquelles il a pris
part dans ces territoires, enfin les qualités d'organisateur, l'activité
inlassable qu'il a déployée, le sens profond des réalités qu’il a montré en
toutes circonstances et qui lui ont permis d’obtenir, dans les fonctions
d’intendant de l’air qu’il remplit depuis une année, des résultats remarquables,
appréciés à la fois par ses chefs et le commandement, militent en faveur d’une
solution favorable à sa demande.
Son départ priverait l’intendance
de l’air d’un de ses meilleurs éléments au moment d’ailleurs où l’intéressé
vient de se voir conférer la Croix de la Légion d’Honneur, en récompense des
grands services qu’il a rendus à l’Armée de l’air et à la France ».
L’issue ayant été favorable, il est admis, le 7 septembre 1942, dans le
corps des commissaires de l’air.
Le 10 novembre 1942, il soustrait des matériels, armes et carburants à
l'occupant au moment de l'occupation de la Zone Libre. En février 1943, il livre
des carburants, équipements et armes au groupe « Bir-Hakeim » du maquis « Aigoual- Cévennes ».
Le 8 octobre 1943, à la suite d’une enquête de la Gestapo, ses adjoints l'adjudant
Popouneau (qui sera fusillé à Lyon le 21 février 44)(5) et l'adjudant-chef Weirich
(qui sera déporté) et deux auxiliaires féminines (relâchées après 70 jours de
détention) sont arrêtés. Lui-même, en mission, passe au travers du coup de
filet. Resté à son poste, il est arrêté par la police allemande à Moissac le 11
août 1944, mais relâché par manque de preuves.
Fin août, après la libération de Mazamet - où ses services ont été
transférés – il est rappelé à la direction de l’intendance de l’air à Aix. En novembre 1944, il est nommé chef de
service de l’Intendance de l’air de Clermont-Ferrand et directeur du magasin
central d’habillement (MCH) de Chamalières (6).
Extrait de l'ordre général n°101 portant citations, notifié le 11 août 1945
: "Officier d'active, remplissant
les fonctions d'intendant de l'air à Montpellier, a camouflé des matériels
appartenant à l'armée à l'insu des troupes d'occupation. Il a amené ces
matériels lui-même par camions en plein maquis, au risque de sa vie. N'a pas
hésité, dans des conditions périlleuses et tragiques, d'apporter une aide
efficace à la Résistance dont il était un des agents les plus actifs depuis la
création du maquis. Recherché et traqué par la Gestapo, a continué à son poste
à servir la Résistance"
Il écrit dans un texte du 20 septembre 1944 : « Le service de l’Intendance de l’air de
Montpellier a des rapports constants avec le maquis « Aigoual
Cévennes » depuis mars 1943. Dès le 10 novembre 1942, j’ai camouflé avec
mes propres moyens et pendant un mois tous les matériels « corps de
troupe » du magasin annexe de Montpellier. La majeure partie de ces
matériels a pu être récupérée et utilisée par l’Armée de l’air de l’Armistice
et sans que les Allemands aient pu profiter de quoi que ce soit. […]
Quand la Résistance s’est
organisée, j’ai été sollicité par le maquis « Aigoual Cévennes » et
j’ai mis à sa disposition des matériels d’habillement, de campement, de
couchage ainsi que des pièces d’armement. […]
Maquis Aigoual-Cévennes |
Je suis appelé d’urgence le 6 janvier
1944 au Secrétariat de l’Aviation à Vichy où on me fait connaitre que la
Gestapo me recherche. Le Lcl Heran, chef du cabinet du Secrétaire d’État, me
conseille de me faire mettre en permission pour éviter mon arrestation
possible. J’ai refusé catégoriquement, en motivant que mes fonctions ne me le
permettaient pas et que j’en prenais la responsabilité sans indiquer à mes
chefs de l’administration centrale en quoi consistait mon activité clandestine.
[…]
J’ai également mis à la
disposition du maquis « Bir Hakeim » de Clermont-L’Hérault 2000
litres d’essence camouflés. Après contact de mes services de Montpellier à
Mazamet, j’ai remis à la 203è compagnie FTP de Lacaune (Tarn) des armes avec
munitions, des effets d’habillement et de couchage. »
Le 25 mars 1945, il est nommé commissaire de l’air de 3è classe
(commandant), avec application rétroactive au 25 avril 1944 (suite au décret du 30 mai 1946 , JO du 1er juin), puis promu commissaire
de 2ème classe (lieutenant-colonel) en novembre 1947.
En 1948, il se voit
délivrer le certificat d’appartenance aux FFI, document important indiquant aux yeux de tous
un engagement resté jusque-là peu connu voire objet de scepticisme, beaucoup s’étant
revendiqués « résistants » après la guerre (7).
Il est admis à la retraite le 1er octobre 1950 sur sa demande, et se retire
provisoirement à Clermont-Ferrand.
Poursuivant ses activités dans le civil, il prend la direction du « Centre
d'hébergement nord-africain » à Montbéliard de 1951 au 30 juin 1955. Il
est promu commissaire colonel le 1er janvier 1958, en raison de sa
participation à de nombreuses périodes de réserve.
Il décède le 12 décembre 1964 à Saint Quentin sur Sauxillanges, en
Auvergne.
Décorations
principales : Titulaire de la Croix de Guerre avec étoile (1945), de la Croix
du combattant volontaire (pour faits de résistance), de la médaille de la
Résistance (1946) et du « Nichan el
Anouar » (officier en 1946), officier de la Légion d'Honneur (1947) ;
Sources : SHD cote AI 1P 28 195/2; Mme Christiane Roussel, fille du commissaire Roussel, M. F-X
Bibert et les archives de son père Joseph Bibert, affecté sur la Côte Française
des Somalis (site https://www.bibert.fr/Joseph_Bibert_fichiers/Djibouti.htm)
(1) L'expression "ouvriers d'aéronautique" désignait
des militaires, même s’il y avait des personnels civils embauchés dans ces GOA.
Ces groupes (ensuite dénommés compagnies et enfin Bataillon de l’air)
dépendaient d'un établissement du matériel aéronautique. Les emplois étaient
divers et variés : ouvriers (mécanicien, menuisier, magasinier, etc.), employés
(secrétaire, dactylo, etc.), mais aussi des fonctions plus militaires comme la
sécurité ou les pompiers.
(2) Dans sa promotion, il y a 8 officiers d’administration
dont quatre seront commissaires (les 3 autres étant Faulque, Brin et Tanguy)
(3)
Ahmed-ben-Mohammed, sultan de Tadjourah, qui
commandait de Ras-Ali à Gubbed-Kharab, avait conclu le 21 septembre 1884 un traité
de paix et d’union avec le Gouverneur Léonce Lagarde, commandant à Obock, et
agissant au nom du gouvernement français. Au-delà de ce traité, il institua en
octobre 1887 un Ordre pour cimenter cette union, et il lui donna le nom d'Ordre
du Nichan El Anouar, ou « Ordre des Lumières », ayant pour but « de perpétuer
le souvenir de l’heureux moment où lui et son peuple s’étaient placés sous le
protectorat de la glorieuse France ». Cet Ordre fut approuvé par le gouverneur
Lagarde, sous la condition de ne point décerner de décoration sans
l'autorisation du gouvernement français et, également, de l’annonce par le
sultan de l’abolition de la traite des esclaves.
A
noter que Félicien Roussel a été nommé directement Officier dans cet ordre et 8
ans après avoir quitté le territoire, sans doute en raison de la guerre.
(4) Voir nos articles : « Le commissaire général
Louis Bilbault » (juin 2017) et « Histoire du commissariat de
l’air 6/7» (octobre 2013)
(5) Né le 4 février 1912 à Saint-Maxire (Deux-Sèvres), fusillé le 21 février 1944 à Villeurbanne (Rhône) ; adjudant-chef, agent administratif à l’intendance de l’Air à Montpellier (Hérault) ; résistant de l’Armée secrète (AS).
Maurice Popouneau s’engagea dans le premier régiment d’aérostiers à Metz (Moselle) auprès de l’intendance militaire de Tours (Indre-et-Loire) en 1932. Il poursuivit sa carrière et devint comptable en 1938.
En 1940, l’adjudant-chef Popouneau, marié et père d’un enfant, fut affecté à l’organe liquidateur du bataillon de l’Air à Perpignan (Pyrénées-Orientales), puis il devint chef du service des « fonds » de l’intendance de l’Air de Montpellier créé le 1er janvier 1941.
Membre de l’Armée Secrète de l’Hérault à partir du 22 juillet 1943, sous les ordres du commandant Pierre Colin, il tenta de faciliter la désertion de soldats luxembourgeois enrôlés de force dans la Wehrmacht. Il avait tout organisé pour leur procurer des vêtements civils et des faux papiers pour leur permettre de rejoindre les Forces françaises combattantes (FFC). A travers son réseau, il parvint à communiquer aux alliés des informations sur les positions allemandes dans la région.
Dénoncé par un traitre infiltré au sein du groupe de Luxembourgeois, il fut arrêté par la Sipo-SD à Montpellier le 8 octobre 1943, incarcéré dans cette ville, et condamné à mort le 17 janvier 1944 par le tribunal militaire allemand pour le sud de la France, pour « aide à l’ennemi et incitation de soldats allemands à la désertion », puis transféré à la prison Montluc à Lyon (Rhône) le 25 janvier 1944. Il fut à Lyon fusillé le 21 février 1944 au camp de la Doua à Villeurbanne.
Le site Internet relatif à Montluc apporte les précisions suivantes : « Le 21 février 1944, trois résistants français, Pierre Colin, Louis Maurel et Maurice Popouneau étaient extraits de la prison de Montluc et fusillés sur le site de la Doua, leurs cadavres abandonnés sur place, recouverts au fil des mois par la boue, et exhumés après la Libération par les équipes du Frère Benoît. Entre le 2 octobre 1943 et le 3 juillet 1944, 85 autres prisonniers de Montluc connurent un sort identique, dont 9 jeunes résistants luxembourgeois et 10 inconnus qui n’ont pu être identifiés. »
En 2003, un fonds d’archives relatives à Maurice Popouneau a été déposé par sa fille, Mme Frugier, aux archives départementales d’Indre-et-Loire. (in Dictionnaire le Maitron)
(version corrigée du 28 mars 2023, par Benoit Colin)
(6) Voir nos articles sur cet établissement, de septembre 2018 et juin 2019
(7) Voir notamment : Olivier Wieviorka " La mémoire désunie. Le souvenir de la Seconde Guerre mondiale en France (1944-2009) " (Seuil, 2010).