mardi 25 juin 2019

A la rencontre d’une « secrétaire perpétuelle »

Interview de Michelle Rebuffel

Un grand nombre de prestigieuses institutions (Académie Française, Académie des Sciences, Académie des Beaux-Arts…..) présentent dans leur organigramme une fonction de « Secrétaire Perpétuel ».

Au cours de ses 60 années d’existence, l’Ecole du Commissariat de l’Air (ECA) a, elle aussi, eu la chance d’avoir sa « secrétaire perpétuelle ».

Jugez plutôt, pendant près de 45 ans, Michelle Rebuffel a exercé les fonctions de cheffe du secrétariat de notre école ! Cette longévité et sa personnalité semblent bien mériter une telle qualification…..
A l’occasion d’une récente rencontre sous le soleil de Cavaillon, le commissaire général (2S) Michel Vallecalle s’est livré avec elle à une évocation de son parcours à l’ECA sous la forme d’un jeu de questions-réponses à la manière de……. !

MV : Dans quelles circonstances êtes-vous arrivée à l’ECA ?
MR : Je suis née à Salon-de-Provence, aussi tout ce qui touche à l’Ecole de l’Air  fait partie de mon univers dès l’enfance. D’autant que mon père était le vaguemestre de la base aérienne 701 au début des années 50. Il se trouve également que ma sœur ainée avait été secrétaire à l’ECA jusqu’en 1957, année de son départ pour le Sénégal.

MV : C’est donc une sorte «  d’affaire de famille » qui vous a rapprochée de l’Armée de l’Air ?
MR : En 1962, je venais d’entrer dans la vie professionnelle par le biais de quelques brèves expériences locales chez EDF et dans un cabinet d’assurances. Je me suis alors présentée à une sélection destinée à recruter une secrétaire pour l’ECA. A l’issue d’épreuves de connaissances générales et d’épreuves pratiques de secrétariat, ma candidature a été retenue parmi une douzaine de candidates pour devenir ainsi personnel civil du ministère de la défense.

MV : Tout commence donc en 1962 ?
MR : Comme pour les élèves de la promo ECA 62, ma carrière débute sous la direction du commissaire général Arin. Les bureaux de la direction se situent alors dans l’aile Ouest du Bâtiment des Etudes (BDE) avant d’être installés au premier étage de ce bâtiment dans la partie surnommée « le temple », tout près du bureau du général commandant l’Ecole de l’Air.

MV : La grande particularité de vos fonctions est qu’à partir de 1962 vous avez croisé la route de tous les commissaires de l’air,  d’élève de l’ECA à celui de plus haut responsable du service. Vous êtes connue et appréciée de tous.
MR : J’ai effectivement eu la chance de rencontrer toutes ces générations de commissaires de l’Air à différentes étapes de leurs parcours professionnels. Cela m’a permis de constater que les traits principaux des personnalités de chacun sont constants, ils se confirment ou s’affinent au fil du temps et de la maturité.

Médaille du travail 1990
MV : Comment analysez-vous vos relations avec les différentes  personnes rencontrées à l’ECA ?
MR : J’ai vécu une aventure humaine passionnante et une expérience professionnelle très enrichissante en travaillant auprès de personnes de très grandes qualités intellectuelles et relationnelles. Chaque année une partie de l’encadrement se renouvelait du fait des mutations, et à chaque fois s’ouvrait une nouvelle période très positive. Avec les appelés affectés à L’ECA c’était un peu la même chose, à l’époque du service national. Leur présence apportait une certaine variété et parfois une certaine fantaisie qu’il me fallait protéger !

En définitive, il n’y avait que certains intervenants extérieurs et la secrétaire qui ne changeaient pas……Il me semble aussi qu’au fil des années et des évolutions de la société la nature des rapports humains et hiérarchiques a considérablement évolué. A mes débuts, il était recommandé aux membres de l’encadrement de limiter au strict minimum les contacts avec les élèves. Cela a bien changé par la suite, surtout lorsque l’ECA s’est installée au rez-de-chaussée de l’aile Est du BDE avec le regroupement des bureaux, des salles de cours et ….du coin « détente » des élèves. A ce moment, toute l’équipe de l’ECA vivait et travaillait en un  lieu géographique unique facilitant le dialogue et les échanges. Cela donnait à l’école son atmosphère si caractéristique.

MV : Comment avez-vous conçu et vécu votre rôle ?
MR : Au-delà des fonctions classiques de cheffe du secrétariat pour le fonctionnement de l’école, je me suis efforcée de discrètement jouer un double rôle. Celui d’une sorte de « mémoire vivante de l’ECA » en faisant profiter de mes connaissances et de mon expérience. J’ai aussi, je crois, tenté d’être une « observatrice-confidente » attentive de la vie des cadres et des élèves. J’ai parfois fait passer des messages dans les deux sens car mon poste et l’ancienneté de ma présence me permettaient de recueillir pas mal d’informations plus ou moins importantes ou de ressentir intuitivement certaines situations particulières.
2002 Cérémonie du souvenir de l'accident de 1983 avec les cres François et Pretot (ECA83)

MV : Pour avoir été élève, puis plus tard directeur de l’ECA, je peux témoigner que c’est toujours avec tact et délicatesse que vous avez joué ces rôles vis-à-vis des cadres et des élèves. Cela contribuait beaucoup à la bonne marche de l’Ecole. En conclusion, que retenez-vous aujourd’hui de votre présence à l’ECA ?
MR : Ma vie professionnelle à l’ECA m’a apporté une formidable expérience humaine par la rencontre de personnalités variées mais toutes très attachantes. Arrivée très jeune à ce poste, j’y ai développé mes connaissances et mon expérience, je peux dire que je m’y suis épanouie à titre personnel. D’ailleurs, serais-je restée aussi longtemps en fonctions ou aurais-je prolongé ma carrière au maximum des possibilités règlementaires si je n’avais pas été heureuse à l’ECA……. !
Je tiens à dire que j’ai été très fière et très honorée d’être décorée de l’Ordre National du Mérite lors du cinquantième anniversaire de l’ECA.
Je remercie chaleureusement toutes celles et ceux que j’ai rencontrés à l’école pour la considération et l’estime qu’ils m’ont témoignées tout au long de ma carrière. Ils sont présents en bonne place dans mes souvenirs.
2003 Chevalier ONM

MV : Et vous êtes même membre d’honneur de l’AMICAA depuis 2013 ?

MR : Oui, j’ai été très surprise d’avoir été choisie et retenue comme membre d’honneur de l’AMICAA et je puis vous dire que j’ai été très honorée et profondément touchée. Cette jeune association me donne ainsi l’occasion de garder des liens, par l’intermédiaire de son Blog, entre les générations de commissaires que j’ai eu le plaisir de connaître et d’apprécier durant une bonne partie de ma vie à l’ECA mais aussi de suivre l’évolution de ce nouveau corps des commissaires des armées.

 Michel VALLECALLE (ECA 1970)

Le directeur de l'école écrivait en 1990 avec lyrisme (et justesse) dans le BLCA n°31 : "Une bonne humeur indéfectible comme le soleil de Provence, experte aussi bien  dans la frappe d'une 17ème mouture du polycopié de droit financier, dans la confection d'un café pour un conférencier parisien exténué ou dans la solution des menus problèmes d'élèves commissaires dépaysés par le franchissement  de la Touloubre, Mme Rebuffel fait face". Cre gal Golfier †