mercredi 20 décembre 2017

Commissaire à Varennes-sur-Allier

« BA 277, adieu … ! »
Par le commissaire général (2S) Jean-Pierre Lépinard (ECA71)


Au moment de la vente de la base de Varennes-sur-Allier*, laissez-moi vous exprimer quelques souvenirs de cette coquette petite base aérienne du centre de la France, nichée à proximité de Saint-Pourçain-sur-Sioule et le long de la célèbre Nationale 7 en direction de Moulins.

De 1980 à 1984, j’y fus en effet commissaire de base-établissement, puisque cette base assurait le support de l’EAA606, important entrepôt de matériels de la DCMAA spécialisé dans les matériels d’environnement.


Cette situation impliquait pour le commissaire la tenue de deux budgets de fonctionnement distincts et la disposition d’un bureau personnel civil plus musclé que d’habitude.

Pour l’anecdote, cette base disposait encore de mon temps d’une porcherie bien fournie et même d’un beau jardin potager, le tout à la charge de deux ouvriers !

Ainsi, étions-nous les seuls avec mon camarade Jean-Michel Golfier (alors commissaire à Cognac) amenés à s’échanger des verrats dans une « 4L » Renault. Je dois avouer que ces survivances d’une semi-autarcie étaient plutôt source de souci pour moi en raison de l’hygiène nécessaire et des conditions d’abattage des animaux plus ou moins satisfaisantes. Néanmoins, il était permis de déguster un bon cochon à la fin de l’année !

Plus intéressante était sans doute l’expérimentation d’un « centre de responsabilité » doté d’une autonomie accrue en matière de BF base : ainsi pouvait-on non seulement garder pour l’année suivante l’ensemble des économies réalisées mais encore, en cours de gestion, opérer dans une certaine limite des transferts de crédits d’une « masse » à l’autre. Par exemple, des fournitures de bureau ou des produits d’entretien vers de la « petite infra » permettant alors à tout volontaire de refaire son bureau et de contribuer ainsi au bon état de la base.

Par ailleurs, la voie ferrée traversait les lieux, avec un embranchement commode et un petit pont qui l’était moins car seuls des véhicules légers pouvaient passer dessous afin d’assurer les liaisons entre l’entrepôt et la partie « vie » mais nullement des véhicules plus importants de pompiers, ce qui était le cauchemar du commandant de base.

Il y avait aussi une piste d’atterrissage pour hélicoptères où le général Capillon (CEMAA) vint se poser pour nous indiquer, déjà, entre autres sujets, les perspectives de fermeture à terme de la base.

Le commandement (le commissaire à droite)

Mais, surtout, le grand évènement de l’année était la fête magnifique de la Saint Eloi, début décembre, avec défilés de chars et où le déjeuner pris en commun s’achevait en principe vers 18 heures pour les premiers partants…



Oui, cette petite base était vraiment très attachante, où les personnels mécaniciens prenaient le temps de vivre et de savourer leurs casse-croûtes tout en sachant être très efficaces et plein d’idées dans leur travail.

Certes, on peut regretter sa transformation d’abord en simple « détachement » de l’air puis sa fermeture définitive et maintenant sa vente, après avoir servi les dernières années de camp pour les migrants.

Mais, une fois encore, les restructurations indispensables s’imposent dans l’armée de l’air.

     Jean-Pierre LEPINARD

*JO du 4 octobre 2017 ( Décret n° 2017-1424 du 2 octobre 2017 autorisant la cession à l'euro symbolique au profit de la commune de Varennes-sur-Allier, des ensembles immobiliers domaniaux dénommés « Cité des Brémonts » et « Casernement BA 277 Entrepôt ARM AIR 606 », sis à Varennes-sur-Allier (03), reconnus inutiles par le ministère de la défense)

Court historique
Autonome en 1940, l'établissement devient quelques années plus tard, en 1946, l’entrepôt de l'armée de l'air 606. Ce n'est qu'en 1964 que la base aérienne 277 est créée et qu'elle devient détachement air (DA) en 2000.

Quelques années plus tard, en 2013, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, annonce  la fermeture de la base, dans le cadre de la loi de programmation militaire pour la période 2014-2019. A ce moment-là, plus de 200 personnes, civiles et militaires se trouvent au sein de la structure (au plus fort de son activité, la base comptait 500 âmes).

Dès cette annonce, des opérations pour vider les entrepôts débutent et un calendrier mis en place pour fermer la base au 31 décembre 2015. Les premiers départs des personnels militaires ainsi que la fin des activités se produisent à l'été 2014.

Le drapeau de la 11e escadre de bombardement, que le DA 277 avait sous sa garde depuis 1990, a été remis au service historique de la Défense.


La Montagne 2015