Les contes et légendes ont souvent vocation d’enseignement à l’intention des plus jeunes, dans la longue route qui doit les mener à l’âge d’adulte.
Le commissaire des armées d’ancrage air Anastase (1) détient justement une vieille édition reliée d’un recueil de contes écrits au XXème siècle par des auteurs anonymes. Ce recueil a été édité par les éditions BéHelcéa, bizarrement absolument introuvables sur Google, quelle que soit l’orthographe utilisée. Parmi tous les contes réunis, celui qui a sa préférence s’intitule « Uniforme et marchés publics ». En voici le texte, accompagné, bien sûr, de sa morale.
« Il y a fort longtemps, une armée décide de changer le modèle de ses tenues de combat. Un important marché est donc lancé par son service du commissariat.
Un peu plus tard, une note du Président du Conseil demande, amicalement, à son collègue des armées de faire « au mieux » pour que les choses évoluent dans le bon sens.
Après de nouvelles investigations par le cabinet du ministre sollicité, non plus au niveau technique mais en liaison formelle avec le chef du service du commissariat et en liaison informelle avec le service chargé des contrôles, le ministre signe, courtoisement, une réponse maintenant sa position. Très vite, une réunion au niveau du Président du Conseil est organisée sur le sujet, plus proche du Lit de justice que du jugement de Salomon.Car le Président du Conseil en personne a été froissé.
Assez curieusement pour une telle réunion, le principal ministère concerné (en dehors des armées) est absent. En l'occurrence celui des finances, qui a pourtant trois raisons d'être présent : 1/ au titre de sa tutelle sur la direction chargée du contrôle de la concurrence et des prix, 2/ pour sa responsabilité dans la bonne application du code des marchés publics au travers des nombreuses commissions instituées à cet effet, 3/ pour son ardent plaidoyer pour l'achat au moindre coût en période d'insuffisance budgétaire.
Après quelques éclats de voix, la séance s'achève sans résultat. Encore plus curieusement le document "bleu", qui sert traditionnellement de procès-verbal à une réunion, n'est pas établi. Il est vrai qu'il ne s'agit pas d'un arbitrage au sens strict. Le marché est finalement passé "normalement", mais que de temps et d'énergie perdus.
Morale : les grands principes sont faciles à établir mais plus difficiles à appliquer. Heureusement, les commissaires veillent ! »
(1) le prénom a été modifié