lundi 21 décembre 2015

Commissaire sur la BA 367 « Capitaine François Massé » (Guyane)

Commissaire de 2ème classe Sylvain Julian (ECA 2012/ancrage air)

Un poste particulier… 
Issu de la promotion 2012, dernière à rentrer dans l’institution en passant par l’école du commissariat de l’air et première à sortir de la toute nouvelle école des commissaires des armées, j’ai bénéficié d’une opportunité désormais rare pour les commissaires d’ancrage « air » sortis d’école : celle d’être affecté sur une base aérienne outre-mer, la BA 367 étant à ce jour la seule de tout l’outre-mer à compter dans ses rangs un commissaire des armées.

Affecté sur un poste nouvellement créé destiné à renforcer, au sein du commandement des services de gestion-synthèse, la compétence « finances / pilotage » et le conseil juridique et administratif, je me devais dès mon arrivée de façonner ce nouveau poste à la hauteur des besoins qui ont justifié sa création tout en secondant un commandant d’unité de spécialité « ressources humaines ». En dehors de la mise en pratique des connaissances acquises en école dans les domaines de la gestion d’un budget d’activités spécifiques de base aérienne et du contrôle interne, le challenge à mon arrivée était donc de me familiariser avec le domaine des ressources humaines de l’armée de l’air, très technique et dont la maîtrise requiert une expérience que je ne possédais pas, ainsi que d’acquérir rapidement le recul nécessaire au commandement d’une équipe de 14 personnes.


… sur une base aérienne particulière 
La base aérienne de Cayenne cumule les spécificités. Désormais unique base aérienne française des Amériques depuis la fermeture de la base aérienne de Martinique, elle est également la seule base aérienne de l’OTAN qui soit située sur le continent sud-américain. Cette position stratégique, qui en fait un pivot naturel d’opérations effectuées avec nos alliés américains dans la région (partenariat NARCOPS JIATF), est consolidée par la récente montée en puissance de la base sur le plan des capacités opérationnelles : elle est située sur trois emprises, dont une (le centre de contrôle militaire de Kourou) se trouve au cœur du centre spatial guyanais, et met en œuvre depuis 2014 sur sa dernière emprise (Mont-Vénus de Sinnamary) le premier radar de génération GM 400 qui ait été déployé sur le territoire national ; ayant hérité des moyens aériens de l’ancienne base de Martinique, elle a également validé il y a quelques semaines sa capacité d’accueil et de soutien du Rafale au cours de l’exercice URUBU 2015, qui a vu le premier atterrissage de cet aéronef sur le continent sud-américain. De petite taille (276 personnes), elle n’en constitue pas moins une base aérienne dynamique et en plein essor, identifiée comme base « combat » par l’état-major de l’armée de l’air et assumant un spectre de missions aussi large que nombre de bases aériennes de métropole : protection du centre spatial guyanais et plus largement de l’espace aérien guyanais, opération intérieure « HARPIE » de lutte contre l’orpaillage illégal, lutte contre le trafic de drogue (NARCOPS) et contre la pêche illégale (POLPECHE), évacuations sanitaires (EVASAN), alertes cycloniques au profit des Antilles et assistance aux populations. Elle possède en outre la 4ème escale aérienne militaire de France en volume de transit.

Un poste exigeant et une expérience humaine hors du commun

Comment, dès lors, ne pas établir de lien entre ces spécificités et l’exigence de tous les instants à laquelle j’ai été confronté depuis mon arrivée sur cette base ?
Les missions précédemment évoquées impliquent, comme le souligne régulièrement le commandement de la base, un « rapport spécifique au soutien commun » et rendent inenvisageable une rupture de soutien : à un besoin justifié, la réponse « ce n’est pas possible »… n’est pas possible !
Dans le contexte de l’interarmisation des soutiens, la présence d’un commissaire des armées sur une base aérienne répond dès lors au besoin accru d’interface entre soutenants et soutenus. Cette position d’intermédiaire fait toute la difficulté de la fonction, mais également son caractère formateur pour un commissaire en sortie d’école.

A poste particulier, missions particulières : si la gestion du budget d’activités spécifiques d’une base aérienne, le contrôle de gestion et le contrôle interne sont le « lot commun » des commissaires d’ancrage « air » en sortie d’école, le petit format de la base aérienne de Cayenne, la proximité du commandement et la spécificité de certaines missions impliquent d’assumer des responsabilités dans des domaines directement liés à l’activité aéronautique auxquels je n’aurais peut-être pas été confronté en faisant le choix d’une autre base.

Chargé de l’assermentation et du commissionnement des pilotes d’hélicoptères en lien avec le tribunal de grande instance de Cayenne dans le cadre des dispositifs particuliers de sûreté aérienne mis en place lors de la préparation et des tirs de fusées depuis le centre spatial, j’ai en outre été amené à participer directement à des activités de planification complexes qui m’ont permis de me plonger dans l’univers aéronautique sans quitter mes fonctions de commissaire, comme l’organisation en 2015 de l’assistance en escale au profit d’un aéronef instrumenté du CNRS dans le cadre d’une campagne d’étude sur l’atmosphère, la participation à la préparation du soutien de l’exercice aérien URUBU 2015 de protection du centre spatial... Si ces expériences impliquent inévitablement une charge de travail supplémentaire considérable, elles ont été très formatrices professionnellement et m’ont permis de saisir l’utilité du maintien d’un lien particulier avec le milieu aéronautique malgré l’interarmisation du corps des commissaires.

Cadets et encadrement
Parmi les responsabilités supplémentaires que j’ai pu assumer en sortie d’école figure la direction du programme des Cadets de la défense en Guyane. Déclinaison locale du plan « Egalité des chances » faisant l’objet d’un partenariat entre la base aérienne et le rectorat de Guyane, ce programme dont j’ai la charge consiste à organiser chaque année l’insertion d’une vingtaine de jeunes élèves de troisième dans le milieu militaire, à leur faire découvrir les missions du ministère de la défense, de la base aérienne en particulier ainsi que l’organisation plus large des pouvoirs publics en Guyane, et à les sensibiliser aux problématiques de la participation citoyenne et de la protection de l’environnement guyanais qui est le leur, le tout avec l’appui d’une équipe d’encadrement que je supervise, composée de militaires de la base aérienne et de personnel enseignant.

La direction de ce programme est bien plus qu’une expérience d’encadrement et de management : elle constitue un des piliers des relations entre la base aérienne et la société civile guyanaise, mais aussi et surtout une véritable aventure humaine, qui trouve son point culminant lors de la participation des Cadets de la défense au défilé du 14 juillet à Cayenne.