mercredi 9 septembre 2015

1971 Les premiers commissaires en stage sur base aérienne

Deux ans à Toulouse-Francazal
Par le commissaire général (2S) Gérard Dupuy (ECA 69)

Nous poursuivons le focus sur les affectations et stages effectués par les commissaires sortant de l’ECA, depuis 1956. 1971 apparaît comme un tournant, concomitamment avec la mise en place des premiers commissaires de base.

"Je fus l’un des quatre premiers stagiaires en sortie d'école placés, de 1971 à 1973, auprès des quatre premiers commissaires de base.

Lorsque notre promo ECA69 arrive à Salon, il n'y a pas encore de commissaires sur base aérienne mais des CBA (commissariat des bases), le plus souvent implantés hors plate-forme.
Jusque-là, en sortie de 2ème année, les commissaires lieutenants faisaient un stage d'un an sur base (mais sans affectation particulière), dans le service et sur quelques sites outre-mer (Djibouti, Hao notamment).
 
       
Comme rappelé dans d’autres articles, durant notre scolarité,  2 réformes significatives interviennent :
1- la mise en place  de commissaires de base, à titre expérimental en 3ème RA, dès 1970 à Cazaux (BA120), puis en 1971 sur les BA106 (Mérignac), 118 (Mont de Marsan)  et 101 (Francazal). A l'occasion d'une visite à Cazaux, nous découvrons "in situ" le commissaire et le BF ;
                            
2-parallèlement, transformation du stage d'application en sortie d'école  :    
a/ maintien d'un poste d'un an à Djibouti ;                          
b/ les 4 autres élèves passeront 2 ans auprès du commissaire de base, sur les 4 bases aériennes "expérimentales" (durée réduite à 1 an à compter des ECA 70).

A l'issue de négociations amiables au sein de la promo,  je rejoignis  le 1er octobre 1971 la BA101, affectation répondant à mes voeux. En ces temps-là, Francazal était "La Mecque" du transport (comme Dijon  pour la chasse!), abritant  "le" CIET 340 (centre d'instruction des équipages de transport) avec  une trentaine de N2501 et de C-160, et le GE 316  avec  une vingtaine de  Dassault MD 311 "nez vitrés" pour l’école des navigateurs, et une dizaine de "Nord-Cyrano" (N3501 avec nez radar météo).

Me présentant  réglementairement en grande tenue, poignard-gants blancs au commandant de base (un grand ancien respecté autant que craint, ayant fait campagne à la fois en Indo, où il fut un des rares  à opérer sur Fairchild C-119 "Flying Boxcar/Packet" sur Dien Bien Phu, et bien sûr en AFN), je m'entendis dire que « j'étais là pour voir l'armée de l’air qui vole et apprendre à la bien servir » !
Ceci me valut donc d'exercer, outre les fonctions dévolues par "mon" commissaire, les responsabilités d'officier-conseil, à mi-temps certes, mais surtout avec un plein engagement. Inutile de préciser que ce fut une riche et fructueuse expérience !

Le commissaire de base (François Duchêne, ECA 56)  m'installa en vis-à-vis dans son bureau, garantissant une collaboration "circuit-court". Sage précaution sur une base où la fonction administrative découvrait le "management commissarial" venant "dépoussiérer" une certaine routine tenant plus d'un rituel que du contrôle de gestion/ performance.

J'ai donc hérité de réformes à lancer "ab initio", à commencer par les textes fondateurs  du budget d'équipement (BE), désigné initialement « Budget de fonctionnement/BF matériels ». Il fallut  mettre à plat les assiettes de casernement, avant de dresser les tableaux de synthèse.  
    
Tâche d'autant plus ardue qu'il n'y avait pas eu de revue annuelle de casernement digne de ce nom depuis longtemps ni de collationnement entre unités et comptable centralisateur.  Ajoutons que 95/100 du mobilier était en bois, donc réformable...

Ce fut une oeuvre passionnante, voire "titanesque" pour un seul homme (6 mois de travail à mi-temps et sans calculatrice électronique !). Travail au final gratifiant, car avalisé par la DRCA et la DCCA. J'en ai tiré des enseignements pratiques pour l’opération Épervier en.....1989 ! Je fus également associé à la mise sur pied et au suivi du BF, pragmatiquement et en intérim de l'officier-trésorier durant 2 mois.

Outre le passage obligé dans les différentes unités, dont les Moyens généraux à l'époque en charge de la restauration /hôtellerie, j'ai donc exercé les fonctions d'officier-conseil. Responsabilité peu usuelle pour un commissaire, ce fut une expérience riche dont je perçus les bienfaits....lors de mon affectation au Cabinet du CEMAA (Cab/LA pour les initiés....)

A ce poste, au-delà de la responsabilité des CSA (clubs sportifs et artistiques, regroupés dans une Union Fédérale*) - et notamment du club agricole très actif et qui me valut quelques sarcasmes des p'tits camarades, j'ai pris à bras le corps la triple fonction juridique/reclassement/cours-promotion-formation :
1-avec un secrétariat officier-conseil tenu par un appelé instituteur (cours de rattrapage/télé-enseignement) ;
2-BIJ (bureau info juridique) tenu par 2 appelés, un inspecteur des impôts et un avocat : succès garanti !!        
3:reclassement : grâce à mes contacts avec la chambre de commerce.

Je terminerai par deux souvenirs "aéronautiques"   :
1: au GE316, un vol dans la bulle du nez de l’avion, sur Marennes en "nav.TTBA" (très-très basse altitude) où il nous fallut ..grimper pour rejoindre le circuit d’atterrissage !
2 : au CIET: souvenir marquant d'un atterrissage sans hydraulique, train sorti en manuel avec  pompiers et ambulance près de la piste.

Mais aussi une mission à Djibouti en C-160 via Orléans-Brindisi-Le Caire-Jedda, avec échange "retex" avec l'ami François Aubry, lui-même en stage à Djibouti.  
Au final, en participant au début de cette aventure commissariale sur base aérienne, à mon modeste niveau, j'ai beaucoup appris et peut-être semé."

*Aujourd’hui, fédération des clubs de la défense (FCD)