vendredi 29 août 2014

Le commissaire de base


Un commissaire de base pourquoi faire ?
par le colonel Lacaze, commandant la BA 705 de Tours en 1983 (BLCA n° 15).

A une époque où les organisations de l'armée de l'air et du soutien commissariat - ce dernier devenu interarmées - ont été profondément modifiées, il a paru utile de se pencher sur l'organisation ante, non par esprit de nostalgie mais par souci d'information des plus jeunes commissaires d'ancrage air sur une formule qui fonctionnait parfaitement et donnait les meilleurs résultats,

Et quel meilleur observateur qu'un commandant de base, à la fois supérieur du commissaire mais aussi, souvent, soutien précieux, dans un collectif au service de la mission et des personnels.

Il reste à espérer que cet esprit "opérationnel" perdure dans l'organisation d'aujourd'hui et de demain, désormais bicéphale entre la base aérienne et le GSBdD et où la "subordination de l'administration au commandement", dont parle l'auteur, n'est plus ce qu'elle était...

"Trois ans de commandement d'une base aérienne aux missions très variées, aux implantations géographiques multiples, et aux moyens en personnels, matériels et deniers importants, font juger de la nécessité et de l'action des commissaires de base.

Certes ce jugement n'est porté qu'à travers l'un d'eux, mais il paraît suffisamment proche de celui d'autres commandants de base pour autoriser la généralisation.
Son exposé a pour espérance de substituer, si cela est nécessaire, l'image du juriste froid, du financier rigoriste et du contrôleur tatillon à celle plus réelle du conseiller nuancé, du professionnel adapté au terrain et du chef responsable.

Par formation le commissaire de base est un homme de textes, un juriste qui prévaut lorsqu'il joue son rôle de conseiller, de financier et de contrôleur.

Pour le commandant de base, il est essentiel d'avoir auprès de lui un officier qui connaît le droit et peut l'expliquer. Ce spécialiste constitue un rempart de sécurité qui empêche tout engagement d'opérations non réglementaires. Il propose des solutions aux problèmes juridiques épineux, aux litiges contentieux; aux affaires délicates d'imputations et de réformes.

Financier, il suit l'exécution des budgets de fonctionnement et appelle l'attention du commandant de base sur l'évolution des engagements, les difficultés à venir et les nivellements souhaitables. Les crédits alloués étant particulièrement « maigres», une bonne gestion ne peut s'effectuer sans choix. Il lui faut donc proposer des priorités au commandement et, pour cela, connaitre à fond les contraintes de la base.

Son action est également déterminante dans le cadre de la surveillance intérieure qu'il effectue au nom de commandant de base. Elle permet à ce dernier d'avoir une excellente image du fonctionnement administratif de ses unités.

Par sa vision impartiale et réaliste des faits, le commissaire de base oriente l'action corrective et suggère la direction des progrès à accomplir.

Contrôleur dont la vigilance n'a pour but que le bien-être de chacun, financier réaliste soucieux de l'efficacité des disponibilités, conseiller éclairé en maintes occasions, le commissaire de base doit renvoyer aux archives les éventuelles railleries de son entourage.

Le juriste écouté ne doit pas se cantonner dans l'exercice de la suggestion. C'est aussi un professionnel d'action qui colle au terrain. Il est l'administrateur de tous les personnels de la base, de l'ensemble des matériels « commissariat et, depuis 1976, le chef d'une entreprise de restauration et d'hôtellerie qui doit s'adapter au quotidien et satisfaire les plus exigeants.

« Si on peut gouverner de loin, on ne peut administrer que de près» ; administrer des hommes, c'est d'abord les connaître puis résoudre leurs problèmes de tous les jours dans leur action professionnelle comme dans leur vie personnelle. Le commissaire de base, par la force des choses, ne peut être un gestionnaire cloîtré dans son bureau, cerné par des montagnes de dossiers.

Il lui faut être en contact permanent avec le microcosme d'une base faite d'officiers, de sous-officiers, de militaires du rang, de spécialités diverses, d'hommes et de femmes célibataires ou chargés de famille, d'active, du contingent, de recrutements divers, d'employés civils, de statuts variés. Les décisions administratives ont le plus souvent un impact financier direct ou indirect sur l'individu (indemnité, remise gracieuse, etc .... ) et il lui faut agir en toute connaissance de cause.

La participation du commissaire de base à l'accomplissement des missions, en ayant « ce qu'il faut, juste ce qu'il faut et quand il faut », est essentielle et nécessite une connaissance parfaite des impératifs opérationnels et des besoins véritables. Les mises en place judicieuses de mobiliers, d'effets d'habillement et de fournitures diverses concourent à la réalisation d'une meilleure qualité de la vie. Il est fondamental pour le moral de : « rendre la vie commode et les gens heureux ».
Le commissaire de base est aussi confronté chaque jour aux nombreuses contingences de la restauration et de l'hôtellerie. Véritable entreprise de 120 à 130 personnes le SRH exige des décisions énergiques, rapides mais aussi beaucoup de souplesse. Remise en cause chaque jour et parfois par des critiques faciles, la réussite du service est une œuvre particulièrement difficile, éprouvante et quelquefois décourageante. Constamment condamné à l'équilibre entre les contraintes financières et le désir d'offrir plus aux consommateurs, le commissaire de base doit réaliser des prouesses de gestionnaire pour satisfaire des « clients» souvent difficiles.

Une méconnaissance des besoins, des soucis, des motivations des personnels conduirait à une administration inhumaine détachée du réel. Aussi pour faire face efficacement aux demandes incessantes et variées que suscitent les multiples missions d'une-base, il faut que le commissaire de base soit un homme de terrain efficace.

Chef des services administratifs et du service de restauration et d'hôtellerie, il peut aussi tenir le rôle d'un chef de guerre en dirigeant un îlot de protection et de défense, ou en coordonnant les actions de protection nucléaire, biologique et chimique.

Chef responsable, il assure l'épanouissement de ses personnels par l'instruction professionnelle et militaire. Il établit leur notation et participe aux travaux d'engagement, de décoration et d'avancement. Sa politique, comme tout chef de moyens en matière de récompenses et de sanctions, conditionne l'état d'esprit dans ses services et sa rigueur en matière de discipline est déterminante pour la tenue et le comportement des militaires placés sous ses ordres.

Soucieux de la bonne santé physique, morale et sociale de ses hommes il doit également veiller à l'entretien et aux réparations de ses installations. Son action de commandement est essentielle en cette matière car elle conditionne le bien-être de ses troupes comme celui des autres personnels de-la base. .  _  _
Enfin, il peut jouer un rôle prépondérant lors des exercices et manœuvres, comme en temps de crise ou de guerre, en prenant sur une partie géographique de la base des responsabilités de défense et de protection conventionnelle et nucléaire, biologique et chimique necessitant compétence, initiative, espnt de décision et une parfaite connaissance de l'organisation du commandement, de l'emploi des armes et des moyens de transmission.

Ainsi, dépassant le "professionnel" de l'administration, le commissaire de base est aussi un chef de moyens à part entière avec des attributions importantes de commandement pour les différentes phases d'emploi de l'Armée de l'air.

Conseiller bien sûr mais aussi homme de terrain, charnière du commandement, le commissaire de base est avant tout un officier comme ses camarades des autres corps. Sa spécificité d'homme de droit ne doit pas cacher le dirigeant du temps de paix ni le combattant du temps de crise ou de guerre. Il subordonne déjà en sa personne l'administration au commandement et, se plaçant au milieu des hommes, il leur apporte le bien-être et l'efficacité. "

(dessins de Tirand)