dimanche 8 septembre 2013

Origines du commissariat de l'air (1/7)

L'amicale se propose de retracer les débuts du commissariat de l'air en sept chapitres, sur la base d'un article écrit en 1992 - à l'occasion du cinquantenaire du service - par le commissaire général Meyer, que l'Amicale remercie vivement.

Chapitre 1 - 1912-1942 
Des origines de l'aviation militaire à la création du corps des commissaires-ordonnateurs de l'air ou trente ans de préhistoire
par le commissaire général (2S) Meyer (ECA 1959)

Vers l'indépendance de l'Armée de l'Air 
On peut faire remonter au XVIIIème siècle l'intérêt des militaires pour les choses de l'air, puisque la première compagnie d'aérostiers militaires est créée  par l'arrêté du 13 germinal an II (2 avril 1794); des aérostiers s'embarquent pour la campagne d'Egypte et d'autres, plus tard, participent aux opérations du Tonkin. Les compagnies d'aérostiers sont, à cette époque, généralement rattachées aux régiments du Génie.


Le véritable point de départ de l'aéronautique militaire se situe en 1909 avec une loi de finances qui autorise l'achat des premiers aéroplanes. Mais tout le monde s'accorde pour dater ses débuts officiels à la parution de la loi du 29 mars 1912. Cette loi prévoit,entre autres dispositions, que l'aéronautique militaire assure l'administration et la mobilisation des formations affectées au service des engins de navigation aérienne utilisés par l'armée ainsi que l'instruction du personnel. L'aéronautique militaire dépend alors de l'armée de terre et, à ce titre, est administrée par les intendants.

Dix ans plus tard, la loi du 8 décembre 1922 crée l'arme de l'aéronautique mais ne change pas fondamentalement cette situation. L'aéronautique est, à la fois, arme et service, comme l'étaient, à cette époque, l'Artillerie et le Génie, et constitue la 12ème direction du Ministère de la Guerre.
La voie de l'indépendance de l'armée de l'air est ouverte par la loi du 7 décembre 1928 qui crée le ministère de l'air mais ne lui donne pas, pour autant, les moyens nécessaires à la satisfaction des besoins propres à l'Armée de l'air.
Car l'armée de l'air doit mettre en service des moyens de combat importants, coûteux et spécifiques dont l'évolution se révèle extrêmement rapide. Des différences profondes de conception, d'organisation et d'emploi ne cessent d'apparaître entre les armées de terre et de l'air.
L'armée de l'air est de plus en plus conduite à affirmer son identité et ses caractéristiques propres. Elle prend son envol grâce au décret du 1er avril 1933 qui la crée et lui donne ses missions.

Un projet avorté 
Pierre Cot, ministre
En 1934, au moment de la discussion du projet de loi sur le statut organique de l'armée de l'air, la nécessité de mettre sur pied des services administratifs légaux, adaptés à l'Armée de l'air, est clairement affichée.
Le projet de loi prévoyait explicitement la création du corps spécialisé des commissaires de l'air. Mais le Parlement ne voulut pas suivre le gouvernement pour des raisons d'économies budgétaires et
parce qu'il souhaitait que soit étudiée l'unification de l'ensemble des services de la Défense nationale.
Déjà ! L'Histoire est décidément un éternel recommencement !
Voilà pourquoi, en tout cas, le commissariat de l'air n'est pas né en même temps que l'armée de l'air, avec la loi du 2juillet 1934 ! Le service de l'intendance de l'armée de terre continue donc à fonctionner au
profit de l'intendance de l'armée de l'air.
En 1936, un conseiller technique de l'intendance est placé auprès de chaque commandement de région aérienne et de l'Etat-major général de l'armée de l'air.
En 1939, des services de l'intendance sont placés auprès de chaque secteur de l'air aux armées ainsi qu'en Afrique du Nord.

Faiblesses et insuffisances de l'administration 

Cependant, ces mesures ne donnent pas satisfaction pour autant. Plusieurs rapports de contrôleurs de l'administration de l'aéronautique mettent en évidence les faiblesses et les insuffisances de l'administration
de l'armée de l'air.
Arrêtons nous un instant sur les constatations et les conclusions de ces rapports qui restent riches d'enseignements pour l'avenir.
Ces rapports font ressortir, en effet, que les services du Département de la Guerre ne peuvent plus assurer d'une manière satisfaisante l'application de la vaste réglementation de l'armée de l'air, issue de ses lois organiques particulières.
La dualité de l'administration des bases aériennes, technique relevant du Ministère de l'air, corps de troupe relevant du Département de la Guerre, est source de complexité et rend impossible l'unité de direction.
Les commandants de région aérienne qui ne disposent pas de directeurs de l'intendance ne peuvent ni prévoir leurs besoins, ni agir sur les moyens d'y pourvoir.
L'ordonnancement des dépenses de l'air est assuré par un nombre considérable d'ordonnateurs appartenant
à différents départements ministériels qui appliquent, chacun, des modalités particulières à leur administration. La surveillance administrative est mal assurée.


Les premiers intendants de l'air
Tous ces rapports concluent donc à la nécessité de créer, au plus tôt," un corps de fonctionnaires du commissariat de l'air sélectionnés avec soin et possédant une haute culture administrative".
Tenant compte de ces observations, la loi de finances du 28 décembre 1940 crée 12 emplois d'intendants de l'air; ce chiffre est porté à 24 dans le budget de 1941, ce qui va permettre de procéder au premier recrutement du personnel qui constituera le corps des commissaires-ordonnateurs de l'air.