dimanche 30 juin 2013

la vie des promos

L'album promo de la 75
Interview du commissaire général (2S) Bernard Oudot

l'auteur
Les membres de la promotion 75 disposent d'un superbe livre-promo (en deux tomes de 90 pages chacun). Quelle en a été la genèse ? Comment est née cette idée ? Dès le début de la première année ?
Bernard Oudot
: D'abord merci pour les compliments, même si un nombre appréciable d'années se sont écoulées depuis cette réalisation. Je constate aussi avec satisfaction que les camarades de promotion prennent toujours du plaisir à feuilleter ces pages qui nous rappellent nos aventures communes et qui font encore aujoud'hui le ciment  de notre cohésion.
Voici donc les précisions que je puis apporter sur ce sujet : la réalisation d'un album par chaque promotion s'inscrivait depuis quelques années dans les traditions de l'ECA. La promo 1974 avait d'ailleurs fait fort sur ce point puisque son album était considéré par la "strasse" et par nous mêmes, les petits nouveaux, comme le meilleur ayant été jamais réalisé (Bravo à Bernard Boyer).
Alors que le challenge se présentait à nous, il n'était pas question pour la 75 de faire moins bien, je dirais même qu'il fallait faire mieux encore,  surpasser ces sympathiques prétentieux, effacer cette aura qui irradiait leur oeuvre dans les rayonnages de la bibliothèque de l'école.

Pourquoi est-ce vous qui en avez été chargé ?
BO
: La distribution de certaines responsabilités au seuil  de la 1ère  année (responsable de promo...) incluait celle de la réalisation  de l'album. Devant l'afflux et l'empressement des nombreux volontaires, j'ai décidé de me proposer afin de mettre tout le monde d'accord. Ma candide candidature a été cooptée à l'unanimité.
Mâtin quel coup de crayon
C'est ainsi que j'ai entrepris cette oeuvre qui devait propulser notre groupe de vaillants poussins à la postérité.

Avez vous fait un plan pour les 2 ans ou cela s'est il fait au fil de l'eau ?
BO
: Au départ, je n'avais pas de fil conducteur, à part celui plus ou moins dégrossi du programme général des études. Mais assez vite je me suis fixé un cap et une méthodologie : recueillir le maximum d'informations et de documentation sur tout ce que nous devions vivre ou connaître comme expériences (sports, voyages, épreuves et aventures diverses : marches de cohésion et/ou "punitives » (le plus sage d'entre nous a quand même pris 30 jours de trou...en cause, le mur promo), parcours évasion, petits évènements de la vie courante, recueil d'anecdotes au fil de nos pérégrinations et bien entendu, réalisation de nombreux reportages photos, etc...

chez les marins
Montriez vous le document au fur et à mesure ou l'avez vous montré sur la fin ?
BO
: Cumuler la doc était une chose, trier, sélectionner, organiser, mettre en forme... était autrement plus délicat. J'avoue avoir connu des moments de grande expectative frisant le découragement. Mais la foi était là, inébranlable, sublimée par l'enthousiasme de mes petits camarades. "Faire Face!".
Quand je leur ai montré les première pages finalisées de l'album, la grande satisfaction qu'ils ont manifestée m'a évidemment fortement encouragé à poursuivre sur cette voie.

Tous ces dessins et ces collages ont dû vous demander de nombreuses heures de travail ? Comment faisiez vous ?Qu'en pensait votre épouse à l'époque ?
BO
: Ce travail m'a demandé bien sûr beaucoup de temps et d'assiduité, d'autant plus que j'avais l'art de me compliquer la tâche ; ex: les frises encadrant chaque feuille, faites intégralement à la main, ainsi que les dessins, caricatures, collages qui devaient être peaufinés au maximum (n'oublions pas le challenge: faire aussi bien sinon mieux que nos jeunes anciens).
Mon épouse était certes un peu irritée, parfois, du désordre qu'engendraient dans l'appartement mes déballages de documentation, papiers, crayons...que je laissais volontiers squatter la table de la salle à manger, mais elle se montrait en  général  tolérante, voire même complice ; n'est-ce pas elle qui a brodé la couverture de l'album lui conférant ainsi sa marque de noblesse : feuille d'acanthe or sur parement de feutrine brun-loutre!

Avez vous été victime de la censure, certains camarades vous ayant demandé de modifier un dessin ou un texte ? les cadres de l'école ont également droit à des caricatures et des commentaires. N'était-ce pas plus difficile, compte tenu du contexte d'école militaire ?
BO
: La liberté d'expression était de mise à l'époque, du moins dans ce domaine. Aucune censure n'a été exercée ni par nos camarades (bien qu'avec le recul, certains points l'auraient peut-être mérité), ni par les cadres de l'école qui, d'ailleurs, n'ont découvert l'album qu'au moment de sa remise en fin de scolarité.

le saut para
Les pages ont été reproduites par photographie. Comment s'est faite la repro de ce document ? La facture a été répartie entre tous, les cadres compris ?
BO : Une fois cet album achevé, et surtout adopté par tous, il paraissait indispensable de pouvoir le dupliquer afin que chacun puisse quitter l'école muni de ce souvenir impérissable. Ce fut chose faite grâce à une connexion que j'avais pu établir avec le service repro de l'école de l'air. Il s'en est fallu de peu d'ailleurs que la chose ne se fasse pas, les chefs de ce service s'étant aperçus (mais un peu tard) du caractère assez onéreux de la réalisation (toutes les pages ont été reproduites par photographie sur papier spécial). En définitive une participation financière raisonnable de chacun d'entre-nous (et non des cadres, ils n'étaient pas associés à l'affaire) a permis de dégonfler les réticences.

Telle est l'histoire, bien abrégée il est vrai, de ce parcours du combattant en son genre, qui n'a pas toujours été simple mais ô combien passionnant et riche d'expériences avec, à la clef, la joie d'avoir pu donner à chacun le plaisir toujours renouvelé de feuilleter ces pages où son gravés les souvenirs de nos  premières aventures collectives dans l'armée de l'air.

L'amicale félicite l'auteur de cet album et le remercie pour cet interview
le mur promo