samedi 2 mars 2013

Commissaire et Peintre de l’air
par le commissaire général (2S) Jean-Michel Golfier (promo 71)


L’histoire commence en 1986. L’armée de l’air, sachant qu’une de mes passions était la peinture, me demande de produire des tableaux sur le thème aéronautique pour postuler au titre de « Peintre de l’air ».
L’armée de l’air voulait relancer l’institution, qui ne comptait que 5 ou 6 membres et seulement 3 titulaires, ce qui était le quorum minimum pour monter un jury d’admission de nouveaux peintres.


Le jury de 1987 me reçoit dans l’institution avec le titre de "peintre agréé", renouvelé par décret tous les 3 ans. La titularisation définitive ne pouvant intervenir qu’après 12 ans d’agrément, ce qui fut fait en 1999.


Mirage Djibouti 1988
Le statut de Peintre de l’air, dont les premiers textes datent des années 1930, a été à l’origine partiellement calqué sur celui des correspondants de guerre.
Lorsque des missions sont effectuées sur le terrain (voire en OPEX), le "Peintre agréé" est assimilé au grade de capitaine, le "Peintre titulaire" à commandant, sans porter les galons ni bénéficier de la solde afférente. L’assimilation a essentiellement des effets sur les frais de déplacements et pour l’accès aux mess.
A la différence des Peintres de la Marine qui ont un uniforme un peu semblable à celui des aumôniers militaires, l’armée de l’air n’a pas tranché la question.
En 1987, originalité, je me retrouve le seul militaire en activité dans l’institution, de plus ayant le grade de commissaire lieutenant-colonel , on ne pouvait pas m’accuser de vouloir bénéficier du statut de capitaine.

livre Mermoz Kessel 1991
Avec le temps, en 2013 après la disparition des plus âgés , je me retrouve dans le trio des plus anciens dans la nomination de Peintre de l’air.

N’étant pas  peintre professionnel comme les autres membres de l’institution des Peintres de l’air, j’ai, à travers l'association créée en 1987 par Philippe Mitchké, rencontré et côtoyé des grands anciens comme Albert Brenet et Paul Lengellé, artistes internationalement reconnus. Leurs conseils ont été pour moi de grands moments, avec chaque fois une motivation renouvelée.

Ma participation depuis 26 ans aux activités des Peintres de l’air serait fastidieuse pour le lecteur. Je ne retiendrai qu’une anecdote que l’on peut qualifier d’effet collatéral du statut de peintre de l’air pour un commissaire.


Affecté à Djibouti comme Directeur du commissariat de l’air, c’est au cours de mon séjour, en 1987, que paraît mon agrément de Peintre de l’air.

Un jour, le COMAIR déboule un peu ennuyé dans mon bureau : "Commissaire  j’ai un problème de hangarette".
Les plus anciens se souviendront que, dans les années 1970 et au delà, l’armée de l’air faisait pousser sur la majorité des bases, des hangarettes pour protéger les avions de chasse.
Djibouti était en fin de ligne, la menace n’était pas à l’est mais au sud avec l’Ethiopie.
Deux hangarettes en béton venaient d’être construites pour les Mirage III.
En métropole tout était planifié, un mémento de l’OTAN imposait les couleurs de camouflage en fonction des régions. Rien n’était prévu pour Djibouti.
Mon titre tout neuf de Peintre de l’air était pour le COMAIR la qualification requise pour la peinture des hangarettes.
Le commissariat était sollicité pour pallier les déficiences de l’OTAN……
J’acceptais le challenge.
Après des reconnaissances aériennes en hélico sur tous les angles d’attaques potentiels des hangarettes, le matin, à midi et en fonction des couleurs du paysage alentour, j’établis des maquettes.
Lorsque je fis commander, à l’officier Infra, des fûts de 100 litres de peinture couleur lilas, ocre jaune,….. il y eut un moment de silence.
Puis, vint le jour de la mise en œuvre. Une entreprise Yéménite de peinture en bâtiment était sur place.
Là, summum de l’activité d’un artiste peintre, avec une perche de 15 mètres de long, tel Michel-Ange peignant le plafond de la chapelle Sixtine, j’indiquais aux ouvriers sur les échafaudages les zones ou il fallait telle ou telle couleur. Il y avait plus de 3000 mètres carrés de surface à peindre.

Epilogue :
2 mois après l’opération, visite d’inspection du Général Gueguen commandant la Défense aérienne.
Avant le repas au mess, le général me prend à part et me dit : « Commissaire » j’ai un problème avec "VOS" hangarettes……On ne les voit pas, quel que soit l’angle d’approche..!

Souvenirs, Souvenirs.  JM. GOLFIER

L'Amicale remercie JM Golfier pour la frise créée spécialement pour son site : "Feuilles d'acanthe aériennes et amicales"
pilotes 1995
Traversée des Andes 1995


Musée de l'air 2005
Salon du Bourget 2010


Transport durable 2011
PAF sur Marseille 2011



Patrouille de Rafale 2012