1ère partie : Les avions, les missions, les vols
L’histoire commence en 1964 lorsque l’armée de l’air décide d’enrichir son parc aérien d’un nouvel appareil, ses DC-6B ayant un rayon d’action insuffisant pour les longues distances. Son choix se porte sur le Douglas DC-8-55 quadriréacteur long-courrier. Il est, à l’époque, le seul avion à pouvoir voler douze heures sans escale.
Le premier DC-8 acheté, immatriculé FRAFA, est pris en compte, fin janvier 1966, au sein du groupe de liaisons aériennes ministérielles (GLAM) puis reversé en 1968 à l’ET 3/60 Esterel nouvellement créé. Deux autres DC-8-55 sont achetés en 1969 (FRAFB) et 1972 (FRAFC) , suivis d’un quatrième en 1976 (DC-8-62 FRAFD). Les bureaux de l’Esterel sont sur la BA 107 Villacoublay mais, la piste n’étant pas assez longue, les avions sont stationnés sur la plate-forme du Bourget puis à Roissy, leur maintenance technique étant assurée par la compagnie UTA.
DC-8 55, à Istres et au Bourget |
La flotte est complétée par 2 autres DC-8-62 ( FRAFF et FRAFG). Un certain nombre sont ensuite remotorisés avec les nouveaux réacteurs franco-américains CFM-56 et redésignés DC-8-72CF.
DC-72 CFM-56 |
Les missions
Pour l’Armée de l’air, les missions ministérielles et DIRCEN mises à part, la mission principale est constituée par les relèves. Des lignes régulières sont ouvertes sur les Caraïbes (Pointe à Pitre, Fort de France et Cayenne), l’Afrique (Djibouti, Dakar et Abidjan), la Nouvelle-Calédonie (Nouméa), la Polynésie (Papeete), La Réunion. Pour les voyages d’étude des différentes écoles ou pour les missions humanitaires, toutes les destinations sont possibles. Pour les relèves des théâtres extérieurs, les lignes évoluent selon les nécessités du moment (on notera notamment, N’Djaména, Bangui, Libreville, le Golfe en 1991, l’ex-Yougoslavie, le Rwanda, le Liban, l’Afghanistan et le Tadjikistan et enfin le Mali).
Avec l’arrivée de deux Airbus A310 en 1993 et d'un troisième en 2001, la flotte des DC-8 va diminuer progressivement jusqu'à son extinction en 2004, en commençant par les DC-8-55 dès les années 80.
Le vol
Les passagers, militaires et leurs familles, transitent par la BTA250 à Balard puis rejoignent Roissy-Charles de Gaulle. La procédure d’embarquement est identique à celle des compagnies civiles. Jusqu’à l’arrivée des premiers Boeing 747 en 1970, et en comparaison avec les DC-6B, le DC-8 est considéré comme un grand avion, avec ses 6 sièges de front. Dans les années 60 et 70, pour beaucoup de militaires et leurs familles, y compris pour beaucoup de jeunes commissaires en partance vers leurs affectations de stage, à Dakar, Hao ou St Denis de la Réunion, c’est le premier vol sur un jet long courrier. L’accueil en cabine est assuré par les stewards de l’Esterel, 2 sous-officiers, 3 appelés (puis MTA) et 1 convoyeuse de l’air.Les fiches d’information, très usuelles aujourd’hui, sont alors très détaillées :
Toutefois, pendant les repas, votre dossier doit rester à la verticale pour ne pas gêner le passager placé derrière vous. Si vous souhaitez appeler le personnel de cabine, n’hésitez pas à appuyer sur le bouton marqué Call. II est à portée de votre main, au dos du siège qui se trouve devant vous ou au-dessus de votre tête »
Jusqu’en 2000, les fumeurs sont acceptés dans les avions, regroupés dans une zone :
« Pour les fumeurs : penser aux passagers non-fumeurs et plus particulièrement aux femmes enceintes et aux enfants en bas âge est un acte de simple courtoisie. La fumée leur est nocive.Des consignes pourront vous être données à ce sujet. Veuillez bien ne pas vous en formaliser. Si vous aimez fumer, vous trouverez un cendrier à l’extrémité de chaque accoudoir. Si vous vous déplacez , éteignez votre cigarette. Nous vous rappelons également qu’il est formellement interdit, par sécurité, de fumer dans les toilettes. Pendant les phases de décollage et d’atterrissage, ne fumez pas. Merci pour ces petits sacrifices, ils sont indispensables. »
L’arrivée
Pour les jeunes commissaires, cet avion était un des marqueurs d’une première étape dans leur vie professionnelle, très attendue et sûrement passionnante, après 2 années passées à Salon-de-Provence. Pour ceux affectés à Dakar, c’est la saison de l’hivernage. A l’ouverture de la porte de l’avion, un air chaud et humide, exaltant la végétation, les couleurs et les parfums, enveloppe le passager. Même impressions à St Denis de la Réunion ou à Tahiti.
Pour les commissaires de l’air plus âgés et qui empruntaient jusque-là les DC-6B de l’Esterel pour leurs missions lointaines, ils rejoignent leur poste de direction dans un avion plus confortable et, cette fois, sans escale. Le calme de la cabine leur permet de penser à leur future affectation !
(1) Cf. Livre du général Baillet « DERNIER SUR NORATLAS, PREMIER SUR AIRBUS » éd JPO
photos : ET Esterel