mardi 22 octobre 2013

Echos du SCA


Le corps des commissaires des armées : corps de référence des administrateurs militaires

Le SCA est désormais engagé dans une aventure passionnante mais redoutable, faite de la concomitance de deux évolutions historiques, qu’il reviendra au service de porter collectivement durant les mois à venir : la réforme des corps à vocation administrative et la transformation de l’administration générale et des soutiens communs (AGSC). Ces deux réformes sont parfaitement cohérentes et complémentaires, notamment en ce qu’elles m’apparaissent les plus sûres garantes de la pérennité d’un modèle qui m’est cher et qui n’a rien perdu de sa pertinence.




La réforme des corps à vocation administrative
Depuis le 15 septembre, le SCA est entré de plain-pied dans le 2e volet de la réforme des corps exerçant des fonctions administratives, qui engage le processus d’intégration des corps techniques au corps des commissaires. Le 1er volet, effectif, comprenait la fusion des trois corps de commissaires d’armée. Je me dois de vous rappeler quelques grands traits de l’ensemble de cette réforme : il s’agit de créer un dispositif statutaire renouvelé et resserré pour les officiers exerçant des fonctions dans l’AGSC. Au terme d’une manœuvre en organisation qui s’échelonnera jusqu’au 1er janvier 2016, sept corps auront été dissous, deux autres créés, le dispositif terminal comprenant cinq corps au lieu des dix précédents. Il ne faut en aucune manière limiter cette réforme à la simple mutualisation de corps. Elle implique aussi et surtout le repositionnement du corps des commissaires des armées au sein du ministère de la défense, en tant que corps de référence d’administrateurs militaires pouvant servir sur l’ensemble des postes relevant de l’AGSC, garant de la professionnalisation du soutien. Les quatre autres corps à vocation administrative, définis limitativement, exerceront en effet des fonctions sur des postes de mise en œuvre et de responsabilité de terrain. À titre d’exemple, d’ici à 2019, les commissaires auront vocation à diriger les groupements de soutien de bases de défense.

Le premier volet de la réforme des corps, défi à peine concevable il y a quelques années, a été à mon sens une pleine réussite : le corps des commissaires des armées est déjà une réalité statutaire, et progressivement, identitaire. Je salue à cet égard la création officielle, le 1er février dernier, de l’école des commissaires des armées, sa première rentrée et sa cérémonie d’inauguration, le 9 novembre prochain, sous la présidence du chef d’état-major des armées. L’institution d’une association des commissaires des armées (ACA) en constitue également un jalon important. Ce premier volet sera approfondi avec l’intégration d’officiers des corps techniques. L’ensemble de cette réforme a perturbé des repères anciens et continuera probablement à le faire, j’en suis conscient. Pour autant, elle est sans nul doute le moyen le plus efficace pour faire exister et rayonner un corps d’administrateurs militaires au sein du ministère de la défense. Songeons qu’un corps de 1 700 officiers à l’horizon 2016 aura un poids bien supérieur à celui du millier actuel.

La transformation de l’AGSC est un deuxième défi de très grande ampleur. 
C’est aussi un témoignage indéniable de haute confiance à l’égard du SCA et un éminent honneur fait à ses membres. Comme vous le savez sans doute, le 12 juin dernier, le ministre de la défense a décidé de renforcer la responsabilité du SCA dans le domaine de l’AGSC, à travers l’établissement de l’autorité hiérarchique du SCA sur les GSBdD. Ce nouveau schéma approfondit et conforte le modèle dit du « bout en bout ». L’objectif est clairement identifié : poursuivre la rationalisation et la professionnalisation de l’AGSC en en simplifiant l’organisation, et en la plaçant sous les ordres d’un expert des métiers. La part de limpide évidence de ce schéma heurtera cependant bien des traditions : elle s’inscrit en effet à l’opposé d’un principe ancien d’organisation de l’armée française, celui de la subordination locale de l’administration au commandement. Pleinement justifié dans un contexte de mobilisation générale, d’effectifs massifs et de ressources financières abondantes, encore nécessaire sur les théâtres d’opération, il tend à être obsolète dès lors que ces facteurs ne sont plus réunis. Le SCA part avec une forte légitimité pour mener cette transformation. Il la conservera si ses commissaires sauront conserver leur identité d’administrateurs militaires : le soutien des forces dans un esprit de performance mais également de confraternité, et un solide ancrage parmi elles.

L’atteinte de l’objectif qui nous a été confié est actuellement soumise à une phase de transformation du SCA, dont un plan est en cours d’étude.

Ces deux réformes dont nous sommes les acteurs sont une chance mais également un défi de grande ampleur. L’histoire nous regarde : nous ne pourrons décevoir personne.

Commissaire général hors classe
Jean-Marc Coffin

(remerciements à la DCSCA et à la rédaction d'Hermès-octobre 2013)